Maison du caniche

 
8222 Beringen,
Suisse

Publié le 07 octobre 2021
Marazzi Reinhardt GmbH
Participation au Swiss Arc Award 2022

Matérialité Dötail de façade Matérialité Espace intérieur Arrêt de bus Espace intérieur Espace intérieur Espace intérieur Local Local Local Local

Données du projet

Données de base

Situation de l'objet
Unterdorf 3, 8222 Beringen, Suisse
Catégorie de projet
Type de bâtiment
Achèvement
02.2021

Données du bâtiment selon SIA 416

Étages
de 3 à 5 étages
Nombre d'appartements
2

Description

Sergio Marazzi et Andreas Reinhardt se sont faits maîtres d’ouvrage et ont mis à profit leur expertise d’artisans menuisiers pour la transformation de la Haus «zum Pudel» (maison «du caniche»). L’apparence extérieure du bâtiment reprend volontairement la typologie architecturale locale. À l’intérieur, des matériaux bruts créent une expérience de diversité sensorielle. Cette compilation est convaincante, notamment grâce aux éléments de construction anciens issus de la réutilisation.

Lorsque les architectes Sergio Marazzi et Andreas Reinhardt ont acquis ce bâtiment délabré à Beringen, ils ne savaient pas encore ce qu’ils allaient en faire. Sergio Marazzi connaît bien la région de Schaffhouse. Chaque fois qu’il passait là, son regard était attiré par cette maison avec son kiosque.
La petite parcelle, bien en vue dans le village et située directement sur la rue principale à proximité d’un supermarché Coop, a inspiré les deux architectes. C’est ainsi qu’est née l’idée d’acquérir le bâtiment, de le transformer et de créer ainsi une «vitrine» pour leur bureau d’architecture. Ils ont pu l’acheter à bas prix – pour seulement 30 000 francs. La première visite a toutefois montré qu’il était irrécupérable en raison de la faible hauteur d’étages, inférieure à 1.90 mètre, et de l’état de délabrement de la maison.
Plus tard, ils ont découvert dans le grenier plusieurs albums photos dans lesquels un caniche jouait le rôle principal. La maison «du caniche» – le nom du projet s’est donc imposé avant même que Marazzi Reinhardt ne commencent à planifier le bâtiment de remplacement. Celui-ci devait respecter l’existant et établir des liens avec le village à différents niveaux.

Réutilisations
Ne pas détruire les matériaux, mais les réutiliser dans la mesure du possible: Cette nouvelle tendance correspond également à la philosophie de Marazzi Reinhardt. Certes, aucun élément du bâtiment délabré de construction n’a pu être sauvé, mais ils ont profité de l’offre de la fondation «Protection du patrimoine» du canton de Thurgovie qui détient un énorme stock d’éléments de construction issus du fonds d’immeubles historiques et les propose à la réutilisation.
La commune de Beringen a également été impliquée dans le projet et a rapidement compris l’intérêt de revaloriser l’image du village grâce à la nouvelle construction de remplacement. Elle a autorisé l’extension de la maison «du caniche» sur une parcelle appartenant à la commune. En échange, un arrêt de bus équipé d’assises a été aménagé dans un renfoncement de la maison. D’autre part, la commune a accordé un crédit sans intérêt de CHF 250 000 pour installer un magasin au rez-de-chaussée.
L’expertise des deux architectes dans le travail du bois est perceptible. En effet, ils ont suivi une formation d’artisan menuisier charpentier avant de poursuivre leurs études à Winterthour. Ils se sont mis au travail avec l’amour du détail et dans le but de montrer à de futurs clients un objet illustrant leur idée d’une architecture contemporaine. Ils ont créé en sept ans une construction, certes assez onéreuse finalement, mais bien pensée, ingénieuse et qui semble à la fois sincère et naturelle.

La pierre calcaire - une référence aux montagnes du Jura
Le résultat est une maison d’habitation à pignon avec deux appartements et un magasin, qui établit un dialogue formel avec les autres maisons du village. Le noyau, contenant l’escalier, les murs intérieurs et le rez-de-chaussée, sont en béton. Cela a permis de résoudre le problème de l’isolation phonique des deux appartements et de répondre aux exigences de sécurité sismique.
Pour le sol de l’arrêt de bus et le renfoncement en façade du magasin, les architectes ont choisi une pierre calcaire comme revêtement, en référence au contrefort du Jura tout proche, qui s’étend derrière Beringen. Comme aucune carrière active ne se trouvait à proximité, ils ont finalement choisi un calcaire de Nuremberg, notamment en raison de sa couleur et de sa stabilité. Dans les appartements des étages supérieurs, les sols de la salle de bain et de la cuisine ont également été revêtus de cette pierre, bien que son entretien soit exigeant. Mais les architectes en apprécient la patine. Et si la nuance des sols devait trop foncer, il suffirait de poncer la pierre, explique Sergio Marazzi. Il ajoute que l’ensemble du bâtiment a été un «terrain de jeu à différents niveaux».
Les murs extérieurs sont en maçonnerie à double paroi, crépie avec un enduit brut à la chaux de trois centimètres d’épaisseur, dont la couleur s’apparente à celle du béton et de la pierre calcaire. Ici aussi, des expériences ont été menées. La question de savoir quel était le meilleur moment de la journée pour appliquer l’enduit à la chaux et quels moyens utiliser pour obtenir le ton voulu s’est avérée cruciale, et a conduit les architectes à s’inspirer de bâtiments vieux de plusieurs siècles, réalisés selon les mêmes procédés.

Hêtre, chêne et épicéa - confort et qualité acoustique
La maison «du caniche» doit son atmosphère agréable au bois et à la qualité acoustique des pièces intérieures. Une grande partie en a été apportée par les architectes eux-mêmes. Le parquet en hêtre massif du premier étage a été acheté à la fondation du patrimoine et laissé dans son état d’origine, de sorte que sa patine dégage une sensation confortable. Le plafond à nervures en bois et les poutres entre les étages renforcent cette impression. Au deuxième étage, où se trouvent les chambres à coucher, les architectes ont posé des bandes d’épicéa massif qui, avec les combles en bois, assurent ici aussi une ambiance agréable.
Les fenêtres du rez-de-chaussée sont de véritables ouvrages de menuiserie, aucun système de profilés normalisés n’a été utilisé, le double vitrage est monté directement dans un cadre en chêne. La porte d’entrée de la maison est également en chêne, tandis que les autres panneaux de porte ont été fabriqués à partir d’ébauches en MDF.

Briques de verre - une référence au passé du lieu
Dans l’étroite façade nord par laquelle on accède aux appartements, les architectes ont inséré un champ de briques de verre. Celles-ci existaient déjà dans le bâtiment précédent. Elles sont également utilisées dans la rénovation, à l’intérieur, comme parois pour les douches. Elles assurent la diffusion de la lumière du jour et la transparence dans la zone centrale. En Suisse, deux fabricants dominent le marché des briques de verre. Mais leurs produits sont chers. Les architectes ont alors trouvé des briques de verres à deux euros l’unité venu de Hollande. Ils ont essayé de les monter eux-mêmes, guidés par des vidéos sur YouTube. «Nous avons passé un temps fou sur le premier mur», s’amuse Sergio Marazzi avec le recul «et lorsque nous avons finalement su comment faire, nous avions déjà terminé».

Metal - accent sur les conduits
Les installations apparentes constituent un autre élément marquant à l’intérieur de la maison. Les tuyaux en acier chromé, cintrés par les artisans, servent également de robinetterie de cuisine et de tringles pour les serviettes. Même les tringles à rideaux empruntent les tuyaux en acier chromé travaillés à cet effet. Les gaines électriques en aluminium restent également visibles. En outre, l’électricien a conçu lui-même les supports pour les douilles de lampes, les interrupteurs à bascule et les caches des prises de courant, ainsi que les poignées de porte et les panneaux en aluminium. Enfin, au dernier étage, des barres d’armature galvanisées, encastrées dans le béton et pliées, servent d’escabeau pour passer de la chambre à coucher à la galerie du toit. Des meubles de vestiaire et de cuisine recouverts de résine donnent un élan visuel supplémentaire à la décoration de la maison. Les architectes ont beaucoup expérimenté pour ce projet, ce qui explique qu’il leur ait fallu sept ans pour achever le bâtiment.

Une impulsion pour le village
Depuis l’année dernière, la maison dont les fenêtres étroites et les auvents courts rappellent les «Trotten» locaux (ancien bâtiment agricole dans lequel se trouvait un pressoir), occupe une position éminente à Beringen. Elle est devenue un élément marquant de l’image du village. Les deux petits appartements sont loués et le magasin est exploité trois jours par semaine par un paysan des environs. Un lieu de rencontre est né, où les gens s’arrêtent, engagent la conversation et attendent confortablement le bus. La maison «du caniche» montre qu’il est possible, dans le contexte d’un village, de générer une impulsion avec les moyens de l’architecture pour renforcer l’identité locale et la cohabitation. On aimerait voir l’architecture se généraliser davantage dans cet esprit.

Texte: Marianne Kürsteiner

Première publication: Arc Mag 2.2022

Commandez votre exemplaire sous: batidoc.ch/services/commander-le-magazine

192048246