L'éloge de la matière
,
Suisse
Publié le 05 avril 2022
Participation au Swiss Arc Award 2022
Données du projet
Données de base
Description
C’est à travers l’analogie de l’emprunt et de la restitution de substances du paysage que le projet d’un parcours ponctué par quatre interventions architecturales dans les Alpes manifeste un éloge de la matière, par son utilisation d’un béton géologique imparfait fabriqué à partir d’extractions locales.
Situation initiale
Parmi les essences relatives à la construction, la roche est l’élément dominant la contexture des Alpes suisses. Cette materia povera contribue à la naissance de formes abruptes qui s’ébauchent puis s’érigent dans le paysage. L’intérêt porté à cette substance locale est alors un prétexte d’initiation au projet architectural et introduire la notion de matérialité. La poésie de l’intervention constructive réside alors dans la générosité du paysage, qui dispose ses substances et ses atmosphères au profit de l’architecture et de ses textures.
Ébauche du projet
Le béton est dans l’odyssée de la matière première une métamorphose de celle-ci. La roche est transformée et entre par renaissance dans une composition particulière afin de concevoir du béton. Matière aux origines ductiles, sa plasticité se met au service de la spatialité pour s’emprisonner avec discipline dans la matrice qui lui est imposée. L’objectif du projet architectural est donc de défendre et de poétiser l’utilisation du béton dans les Alpes, à travers l’analogie de l’emprunt et de la restitution de la matière pour la création d’un béton géologique imparfait à partir d’extractions locales. Le périmètre d’intervention correspond aux contours du lac de Moiry dans le Valais, qui est souligné par son barrage et épié par le glacier. À travers quatre interventions architecturales se génère un parcours qui se superpose aux constellations invisibles de flux existants marqués par la radicale présence et absence de neige. C’est ainsi que les lignes rationnelles et subtiles de l’architecture se confondent paradoxalement à la brutalité géométrique des montagnes. Ces interventions architecturales s’inscrivent dans l’atmosphère du territoire en prodiguant une lecture singulière du paysage à travers la matière dense et figée dans son lieu d’implantation. Pour apporter aux spécificités du lieu des intentions programmatiques locales, il est essentiel de solliciter l’art, la culture et la science aux profits des scientifiques, artisans et promeneurs.
Étude du projet
Ces quatre interventions architecturales s’inscrivent dans l’atmosphère du territoire d’implantation en prodiguant une lecture singulière au visiteur. Elles s’inspirent du travail théorique sur la matière en manifestant chacune une signification dans la vie du béton: un éloge au paysage, la recherche du gisement, la pose de limites et l’apparition d’un monolithe.
Pour apporter aux spécificités du lieu des intentions programmatiques locales, il est essentiel de solliciter l’art, la culture et la science aux profits des scientifiques, artisans et promeneurs. La dernière intervention représente dans la théorie un monolithe excavé, analogie d’un échantillon de roche façonné par l’érosion. Les entailles dans son épaisseur justifient l’intégration de cet objet architectural dans son territoire, érigé à l’hypogée des glaciers, qui risque matériellement d’être submergé par les flux aqueux générés par la fonte glaciaire. La position de cet objet architectural le conditionne alors à être considéré comme barrage habité, dans lequel nous pénétrons depuis son arase et qui dispose de machines permettant de générer une énergie hydraulique et de la transformer. Par un travail d’excavation théorique, se dessine alors dans ce monolithe un large espace, une lame d’air retenue par deux murs massifs en béton cyclopéen pouvant accueillir dix travailleurs au maximum, en plus de l’animation continue des flux de visiteurs.
Réalisation
Projet Next Generation soumis pour l'Arc Award 2022 par: Farrah Chekhab, HEIA Fribourg