Porteurs de sens au Salone del Mobile

 

Foire

Publié le 16 avril 2025 par
Sabrina Hobi

Le design – qui transmet une signification – ne doit pas nécessairement parler à voix haute. Souvent, l'effet se produit là où les objets suggèrent des histoires au lieu de les raconter entièrement. C'est exactement ce que l'on a pu observer à la Milan Design Week: Un design qui ne parle pas de forme ou de fonction, mais de ce qu'il porte – culturellement, socialement et en termes d'atmosphère.

Installation d'Hermès | Photo: Maxime Verret
«Literary Club» | Photo © Miu Miu

L'installation d'Hermès de cette année, présentée dans le lieu emblématique de La Pelota, en était un exemple précis. Les espaces étaient clairement structurés, calmement mis en scène, presque muséaux dans leur construction. On pouvait y voir des objets en cuir, en céramique et en métal, fabriqués avec une précision artisanale. Il ne s'agissait pas de nouveaux produits, mais de la relation entre le matériau et la technique, entre le geste et la signification. Chaque objet parlait de ce dont il était fait et de ce à quoi il faisait référence. Dans un autre langage, mais avec une exigence similaire, Miu Miu a mis en scène le «Literary Club». Au lieu d'une présentation de produits, il s'agissait d'un lieu pour le langage, où des auteur·rice·s comme Ottessa Moshfegh ou Natasha Stagg parlaient de texte, de corps et d'identité. L'espace lui-même était doux et protecteur. L'aménagement et le design étaient des moyens de créer une atmosphère, pas un message. Ce qui comptait, c'était l'échange et le cadre qui le rendait possible.

«The Things We Do In Bed» de Marimekko | Photo: Laila Gohar
«Dancing Glass» d'Oluce | Photo: Miro Zagnoli

Une autre approche de la narration s'est manifestée chez Marimekko, où la designer et artiste alimentaire Laila Gohar a utilisé le quotidien comme scène avec l'installation «The Things We Do In Bed». Le setting était conçu de manière impassible mais précise: un long espace recouvert de tissu dans lequel s'imbriquaient l'art culinaire, la performance et la création textile. Il ne s'agissait pas d'objets isolés, mais d'une expérience – entre intimité et présence, entre le quotidien et l'exaltation rituelle. Ici aussi, le message n'était pas primordial, mais intégré dans les matériaux, les gestes et les processus. Oluce a choisi une approche plus formelle, mais tout aussi narrative, avec le luminaire «Dancing Glass» de Victor Vasilev. Présenté au salon Euroluce et dans le showroom Salvioni, l'objet était plus qu'une source de lumière. Le luminaire joue avec les irrégularités, les reflets et les transparences. La source lumineuse reste cachée dans la construction, tandis que l'effet se déploie dans les reflets et les ombres. Le luminaire ne se raconte pas par sa fonction, mais par sa présence. Le retrait de la forme au profit du contenu est toujours représenté dans ces travaux. La conception n'est pas expliquée, mais rendue perceptible.

192212294